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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 08:54

Sohrawardi est né à Sohraward, en 549/1155[1], et il meurt à Alep, en 587/1191. Son nom est Sihab al-Din abul’-futuh Yahya B. Habas b. Amirak al-Suhrawardi. Il est parfois nommé al-Maqtul, en mémoire de sa mort violente et pour dire en même temps qu’il n’est pas un témoin de la foi. Mais il est considéré rapidement comme un martyr. Certains se diront ses disciples et l’appelleront martyr. Ses commentateurs, comme Molla Sadra, le nommeront « sayx al-Israq », « Sahib al-Israq ». Il ne semble pas important de retenir l’épithète désobligeant d’al-Maqtul accolé parfois à son nom.

 

Sohrawardi est célèbre pour ses discours en similitudes. Ses romans d’initiation permettent dévoilement, accès à la connaissance, par des insinuations subtiles. Dans les Talwihat, l’allégorèse ne peut pas être systématique. L’interprétation est toujours à reprendre. L’intervention des motifs de l’épopée iranienne permet au « roman d’initiation » sohrawardien de se rattacher à une tradition littéraire. La mystique présente un autre motif qui sort de l’histoire et de la tradition. Il est celui du poème d’Unsuri (né en 441/1049). Ce motif est celui d’un « Archange couleur pourpre[2] » que l’on retrouve dans un récit de Sohrawardi. Unsuri met deux couleurs, blanches et ténébreuses, aux deux ailes de Gabriel, rappelant le roman épopée d’amour mystique où la couleur rouge de l’Amant se joint à la couleur blanche de l’Aimé. L’Amant est l’Occident, ce qui nous rattache à la terre et au rouge (le sang de l’amant). Et la Lumière d’Orient est le blanc. Quand elle entre dans la terre, elle devient rouge. Le soleil se lève et le soleil se couche sur la terre, la fécondant chaque jour. De même, les archanges montent et descendent du ciel, sans fin. Ils sont la lumière qui nourrit la terre de nos âmes. Les anges conduisent nos âmes, sans fin, de l’Orient à l’Occident. Le terme d’Orient désigne les anges, « la lumière archangélique[3] ». Il y a donc souvent un sens large qui désigne autant le cheminement vers le spirituel que le cheminement logique de la raison. L’Occident ne prend pas ici le sens de la raison, mais celui d’incarnation. Dans ce cas, la logique, autant que l’intuition, devient un ange. Or, au Moyen Âge, en Occident autant qu’en Orient, l’ange est le chemin qui nous sépare encore de la perfection. L’ange est la muse qui accompagne le poète.



[1] Les dates sont en calendrier hégirien et en calendrier grégorien.

[2] H. Corbin. Shihaboddin Yahya Sohravardî œuvres philosophiques et Mystiques, Traduction Henry Corbin Tome I, Prolégomènes p. IV.

[3] H. Corbin pour traduire Sohravardî qui lui aussi dans L’archange empourpré décrit les « puissances archangéliques » avec deux ailes : une aile pourpre et une aile lumineuse.

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