Nicolas de Staël peint
De nuit Les footballeurs[1],
Le match promet des liens
Sous de gros projecteurs.
Dans une débauche
Musclée au Parc des Princes
Il peint à la spatule
La matière en cumule,
Bandes et géométries,
Contrastes colorés,
Dont les couleurs varient
Vert, rouge et bigarrés
La lumière violente,
La foule hurlante,
Le ballon objet du jeu,
Règles et légèreté,
Tous les regards croisés
Tournés vers la balle
D’esprits hypnotisés
Dans l’ombre de la foule.
Le divertissement
Bat son plein, tout oublier
Dans un rassemblement
Et se sentir tous liés
Transportés dans les vagues
De l’émotion d’une âme
De foule et de fougue
Qui crie, délire en flamme.
Résonnent les klaxons,
Reprennent l’euphorie,
Prolongent au diapason
Le temps de frénésie.
Qui ne se souvient pas
D’avoir, devant sa télé,
Donné un coup de pied,
Le ballon comme un appât ?
Car la petite balle
Avait, une soirée,
Créé la fraternité.
Les tableaux rappellent
Qu’à Nicolas de Staël
Revient cette intuition
D’avoir volé le son
De ces instants irréels.
Chacune des rencontres
De la foule et de nuit,
Sur les écrans, revit,
Bruyant, le cri du chœur.
[1]Nicolas de Staël, Les footballeurs(match France Suède, au Parc des Princes, 26 mars 1952, premier match de nuit avec éclairages), collection privée (toile d’environ sept mètres carrés). Nicolas de Staël réalise une série d’une vingtaine de tableaux sur ce match dont des huiles sur toile comme, Les footballeurs, Musée des Beaux Arts de Dijon et Musée Granel d’Aix en Provence.