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  • : Monique Oblin-Goalou
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28 juin 2008 6 28 /06 /juin /2008 13:50

Résumé de thèse :

 

LE RHIZOME SOUS L’ARBRE

LE VIRTUEL AU-DELA DES IMAGES LUMINEUSES

  

Ma thèse se divise en quatre parties pour traiter de la question du virtuel au-delà des images lumineuses. Ces dernières, fruits des technologies, sont les images projetées à même la source lumineuse. Les images lumineuses peuvent-elles être artistiques tout en étant issues des langages binaires et logiques des sciences ?

 

Je ne me suis pas lancée dans une analyse des langages utilisés en informatique. Mais, j’ai cherché ce que le numérique pouvait trouver d’enrichissant dans l’usage de mots tels que virtuel, icône. En cherchant les origines du mot virtuel, je pense montrer l’importance intuitive que chacun associe aux images numériques riches de mémoire, de mouvement, de temps, formées à même la lumière physique et la lumière de l’intelligence. L’image ne s’impose plus comme une forme achevée mais comme un lieu en devenir, notamment avec Internet.

 

Les images lumineuses sont un prétexte pour aller au-delà de leurs supports, ou pour voir en quoi ce support peut être symbolique.

 

 

Dans la première partie de mon approche, j’ai cherché ce que l’on entendait par intelligence au moyen âge. Comment le monde oriental s’est tourné vers une image abstraite ; quelle vision de l’intelligence il avait pour se détourner de l’imitation du visible ?

 

Le mot virtuel est étymologiquement lié au mot vertu. Les néoplatoniciens de l’ancienne Perse utilisaient leur raison, leur sensibilité, la liturgie, les figures de style, la rhétorique, la logique mathématique… pour atteindre une surexistence, un état d’immanence. La littérature ne condamne pas le sensible mais le tourne vers d’autres plis de l’humanité. Les plis du cœur servent tous à la recherche de la Sagesse. Le renoncement à ces plis, au sensible, au cœur, à l’intelligence, n’est pas un abandon mais l’oubli de certains plaisirs pour d’autres plus grands. L’ordre du sensible peut-être symbolique, de l’ordre intelligible ou spirituel. Un symbole est comme un miroir, il est mode d’être, réalité de ce qu’il dévoile.

 

La vertu permet d’atteindre la mokâshafa ou actualisation d’une connaissance par l’âme. Quand les facultés représentatives cessent dans la contradiction, l’esprit saisit mentalement un monde autre. Ce monde prend vie dans l’esprit, comme dans la rencontre d’une personne. Ainsi, par exemple, au-delà de toute description sensible ou rationnelle ou encore d’amour, l’autre prend vie dans notre esprit même en son absence. Cette vie, terre spirituelle, Henry Corbin l’a nommée l’imaginal.

 

La vertu est une composante morale, culturelle ou de prière que l’intelligence s’impose. La vertu rend l’âme réfléchissante. La vertu est alors la porte d’une pleine présence au monde. La vertu, en mystique, est présence au monde dans la Lumière de la divinité.

 

La sagesse des Perses vient de leur ancien culte de la Lumière. Sohrawardi, par ses écrits et épopées, récits d’initiation, inspira un art fait de couleurs, d’enluminures, de motifs, car la lumière est de feu mais aussi rayonnement des yeux, sagesse, intelligence, Présence. L’art iranien, au travers de ses poètes et de l’enluminure, tourne le monde vers Dieu. Ce milieu sensible, intellectuel, poétique et artistique constitue le virtuel, chemin vers la sagesse, acceptation de l’humanité offerte à la présence de la divinité. L’âme éclairée est chemin de transcendance pour l’immanence. Dans le temps, le pas vers la sagesse passe par le chant, le sensible pour un ordre premier, celui du spirituel.

 

Dans ce contexte, le virtuel est la poésie ou la liturgie, ou encore l’icône, constructions de l’intelligence nécessaires à la progression de l’âme vers une existence entière. Le virtuel n’est pas seulement symbole ou miroir pour la liturgie, il est relation entre deux mondes, deux modes.

 

 

La deuxième partie de la thèse aborde des notions de philosophie générale. L’Orient ne pense pas dans l’ontologie. Mais, il définit l’existence en donnant de l’importance à la surface, à l’apparence, les irrationnels et la pensée pythagoricienne, le rassemblement, la différence.

 

Cette deuxième partie est un approfondissement de Platon et de l’influence pythagoricienne de son œuvre. Les chiffres avaient pour les pythagoriciens un rapport à la divinité, la vertu et à la sagesse. Les chiffres avant d’être une mesure étaient des unités. Entre la mesure et l’irrationnel, la matière déploie ses formes. Le plan de l’image mentale est le plan de l’âme. L’âme est participation aux perfections du divin.

 

La Forme se découpe dans la lumière. La Forme est image mentale, rencontre de l’infini de la divinité et de la finitude de l’humanité. Dans cette conception, les vertus participent de la Forme, non pas dans une séparation mais dans une présence d’unité au milieu des multiplicités.

 

Les vertus sont multiples ; elles sont l’objectivation de la Forme ; virtuel et prolifération de la perfection.

 

La différence engendre le désir, un désir amoureux pour les Lumières.

 

Peut-on se passer du virtuel, sachant que la présence à la vie se fait dans nos esprits ? Victor Segalen raconte le drame des immémoriaux qui ont laissé détruire leurs idoles. Qu’est-ce qui réunit les hommes ? Comment gardent-ils la mémoire de leurs ancêtres ? Au travers de l’œuvre de Geneviève Asse, de ses monochromes, ces questions se posent. L’art est le lieu de la vie spirituelle, des stèles, des bornes qui balisent le chemin vers la Présence. Quand Victor Segalen détruit les idoles, quand on vole la stèle d’une tombe, les esprits s’en vont, l’homme perd son humanité.

 

La poésie est méditation dans le quotidien. L’homme y tourne le quotidien vers le spirituel, la connaissance des richesses de son âme. La légèreté d’être, l’humour, les images mentales transformées en images peintes permettent d’accéder à une sagesse. La nature, les nécessités du quotidien font temple pour la Lumière. Le virtuel est, dans ce contexte, la poésie ou la liturgie, l’icône, intelligences nécessaires à la progression de l’âme vers une existence entière dans les plis de l’humanité.

 

 

Dans la troisième partie, les images mentales des sciences m’ont inspiré une réflexion sur la logique et l’épistémologie, la saisie contemporaine du monde.

 

Hubert Mortagne propose une peinture aux doigts, réalisée numériquement. Dans ce travail une part aléatoire est mise en œuvre au-delà de la structure logique imposée par le support.

 

Les langages, en probabilité, occupent une place importante dans les sciences. Cette approche qui accompagne la raison et la déduction implique une pensée qui dépasse un langage linéaire. L’infiniment petit ou l’infiniment grand ne se pensent pas comme le monde perceptible à notre échelle. Leurs logiques sont différentes. L’indiscernabilité, la relativité, les ordres non centrés se décrivent grâce à l’équation de Schrödinger. Une partie de cette équation prend en compte l’inconnu, une part d’ombre. La prise en compte de l’ombre dans la lumière des sciences statistiques fait de l’ombre une composante de la lumière rationnelle.

 

Les sciences proposent des images mentales. Leur approche change la rationalité de notre vie.

 

Cette troisième partie met en place des notions comme l’aléatoire, la description, l’indiscernabilité, les rapports des différentes logiques entre elles, le déterminé et l’indéterminé.

 

Les logiques multiples, ternaires ou binaires, ne s’opposent plus. Le binaire comme gage d’éternité est contesté par Gilles Deleuze dans La logique du sens. La fixité du binaire et ses formes fermées sont critiquées par Gilles Deleuze. L’enjeu est de penser les différentes logiques ensemble comme le font depuis longtemps les sciences physiques. Le ternaire est cette capacité à s’étonner devant les signes de ce qui sera un ordre nouveau.

 

Le diagramme est bégaiement, maladresse. Il intègre les signes. Le code est digital, reflet de l’intelligence sur le monde.

 

Le virtuel, en sciences, est un objet de l’intelligence que l’on se donne pour expliquer la présence de l’indiscernable, de ce qui dépasse la finitude de nos systèmes.

 

Gaston Bachelard démontre l’importance des milieux intermédiaires. Selon le milieu, la goutte de cire réagira différemment à sa surface, quand, en profondeur, elle présentera un ordre aléatoire de ses cristaux. Entre deux milieux se forme une surface remarquable comportant un ordre. Le milieu, les conditions de l’expérience sont le virtuel qui suppose une certaine forme de déterminisme. Le milieu est l’indéterminé. Les réactions de surface sont le témoignage de ce milieu. Le virtuel provoque une objectivation de l’indétermination du milieu, une saisie, qui permet de constituer un certain déterminisme nécessaire à l’intelligence face au monde. On dira aussi que le milieu est virtuel. Le virtuel peut avoir le sens de l’objectivation de l’indéterminé dans une pensée qui se territorialise. Il peut également avoir le sens de cet indéterminé dans une pensée qui se déterritorialise.

 

Le virtuel comme nom donné aux nouvelles technologies trouve une justification en psychologie. Les plaisirs du stade du miroir permettent d’accéder à la sublimation, la symbolique qui fait vinculum dans le groupe social. « L’imago » de Lacan n’est pas imitation mais assimilation virtuelle par identification. Le lien social se crée dans un rapport d’identification.

 

 

En quatrième partie est abordée la différence entre réel, réalité, virtuel, principalement au travers d’une lecture deleuzienne de Leibniz.

 

Les univers du groupe Kolkoz sont faits d’images neutres, illusions sans crédibilité. Leurs images font écho aux voix de synthèse des aéroports. Elles sont d’aspect professionnel et paraissent uniquement attachées à la performance. La maigreur de leur chair n’empêche pas une force artistiques et esthétique. Les jeux vidéo sont pleins des détours et imprévus qui captent l’attention et laissent vides le corps et la réflexion. Les images du groupe Kolkoz, leur simplicité, parlent du monde et laissent liberté aux plis de l’âme pour une action personnelle de la pensée dans la réalité.

 

Le pli est important pour le virtuel. L’humanité est constituée de plis. Dans le rapport au monde de l’âme, le pli est une composante de la connaissance.

 

Gilles Deleuze appelle images mutuelles les images qui comportent des parts actuelles et des parts virtuelles. Le miroir permet des images mutuelles dans le kaléidoscope. Les images mutuelles sont aussi ces images où les souvenirs se mêlent au réel. Marcel Proust décrit des images temps mais aussi images mutuelles quand le passé vient vivre, indiscernable, dans le présent. Que ce soit la mémoire ou encore le reflet, les images mutuelles sont les signes d’une déterritorialisation, instant où les mondes se mélangent. Ce mélange permet l’apparition de la réalité, une part d’émotion, un signe d’une présence autre.

 

Le devenir n’existe pas sans virtuel, dans l’œuvre de Gilles Deleuze. Le virtuel est une composante de la pensée. Il s’allie à la linéarité du possible pour donner l’actuel et la réalité.

 

Mais comment le faire advenir ? La machine de guerre est mise en place par Gilles Deleuze, à la suite de Hobbes, entre l’approximation scientifique et la perfection présente en l’homme. Le désir naît de cette différence. Le modèle des sciences se retrouve dans la société. En situant l’indéterminé par rapport aux institutions, cette thèse ne dénonce pas les institutions mais cherche à montrer leur mode de vie. Leurs métamorphoses ne sont pas issues de leurs racines mais du changement du milieu. Le rhizome est cette présence sous les structures de la pensée.

 

G. W. Leibniz définit le mal comme une pensée sans pli. La disparition des plis implique la disparition du virtuel. La pensée tourne alors dans un mode unique rejetant tous les signes de l’incommensurabilité de la vie. L’âme se nourrit de tous ses plis. La surexistence est cette capacité de vivre de tous ses plis.

 

Le virtuel est « copossible », une vertu de l’icône. Dans le hiératisme de l’icône, les séries peuvent converger. Le personnage de la jeune fille, dans De l’esthétique de la violence de Geneviève Clancy, est ce lieu de convergence entre les rencontres heurtées d’immobilité, les pierres, et les dénouements de matins intérieurs. L’icône porte en elle ce virtuel, ces séries divergentes.

 

Les « incopossibles », pour reprendre un mot de Geneviève Clancy dans « De la virtualité poétique » Cahier de Poétique sont réunis dans l’iconal.

 

 

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commentaires

M
<br /> Ah... je viens de passer un agréable moment, qui ne m'a pas semblé virtuel dans une lecture sérieuse et enrichissante.<br /> Il y a des surprises sur internet qui valent le détour surtout , vous qui tombez a l'improviste....faites une pause!<br /> <br /> <br />
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